Les pathologies d’épaule du footballeur. Les blessures de l’épaule sont relativement rares au football comparativement aux lésions du membre inférieur. Elles touchent principalement les gardiens de but mais peuvent affecter tous les joueurs. Le mécanisme lésionnel est souvent le même. A l’occasion d’une chute, le joueur retombe sur son membre supérieur, provoquant ainsi une disjonction d’un des éléments de l’épaule.
On constate généralement 3 types de blessures : les fractures de clavicules, les entorses/luxation acromio-claviculaires et les luxations de l’épaule (NB : Les tendinopathies de la coiffe des rotateurs (muscles de l’épaule) sont très courantes dans la population en général mais ne sont que rarement liées à la pratique du football. Ces pathologies sont généralement dûes à l’activité professionnelle ou à la pratique d’un sport avec armement du bras (handball, squash…)
LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE LÉSIONS DE L’ÉPAULE
La fracture de clavicule
La fracture de clavicule est fréquente lors d’un match de football. Elle intervient le plus souvent lors de la réception d’une chute directe sur le moignon de l’épaule.
Généralement, la déformation est peu importante mais la palpation de la clavicule est très douloureuse. Le joueur aura une impotence fonctionnelle quasi-totale (impossibilité de lever le bras). La fracture de clavicule est souvent peu douloureuse quand le bras est collé au corps mais la douleur apparaitera au mouvement. Cette fracture est parfois accompagnée d’un état fébrile du joueur (pâleur, frissonnement…). Au moindre doute, il sera nécessaire de consulter un médecin qui objectivera la fracture par une radio.
Le traitement de la fracture de clavicule est le plus souvent orthopédique par une immobilisation jusqu’à 6 semaines. L’arrêt sportif sera d’environ 2 mois.
En cas de fracture très déplacée, le traitement sera chirurgical et la reprise sportive avec contact aura lieu à 3 mois.
Entorse/Luxation acromio-claviculaire
L’entorse (ou luxation) acromio-claviculaire correspond à une distension ou rupture des ligaments reliant l’acromion (sommet de l’épaule) et de la clavicule. Ce traumatisme survient lors d’une chute directe sur le moignon de l’épaule en particulier chez le gardien de but. Sans ligaments pour stabiliser l’articulation, la clavicule remonte et forme une bosse appelée « touche de piano ».
En cas de grosse entorse, il y aura une déformation importante mais généralement, la « touche de piano » est peu évidente pour un non-professionnel de santé.
Au football, la majorité des entorses sont peu importantes et ne nécessitent que quelques jours d’arrêt. La douleur devra alors avoir diminué en 24h. En cas de persistance des symptômes, il faudra consulter un médecin.
Le traitement des lésions acromio-claviculaires est généralement orthopédique (quelques jours à 4 semaines d’immobilisation) mais dans certains cas, une intervention chirurgicale sera nécessaire.
Luxation et sub-luxation de l’épaule (gléno-huméral)
Il existe différentes formes d’instabilité. La plus connue et la plus spectaculaire est la luxation de la tête de l’humérus qui sort totalement de son logement. Mais une instabilité peut également exister sous des formes moins aiguës comme les subluxations (=luxation incomplète) ou de simples douleurs à “l’armer du bras”.
En cas de luxation complète, il est légalement interdit de « remettre l’épaule en place ». Ce geste doit obligatoirement être fait par un medecin et une radio est indispensable pour détectée une éventuelle fracture. Les cas de plaintes en cas de réduction de la luxation par un joueur ou coach sont courantes !
Après réduction de la luxation, l’immobilisation est de minimum 3 semaines, le bras en écharpe, afin de faciliter la cicatrisation des ligaments. La rééducation sera ensuite capitale afin d’éviter les récidives. La kinésithérapie puis la reprise sur le terrain sont nécessairement progressives, sécurisées par la poursuite dans le temps d’exercices de renforcement musculaire spécifiques (voir plus bas). Les activités sans restriction sont autorisées vers la fin du 3ème mois pour les sports les plus à risque. Il n’existe malheureusement pas de contention efficace sur la stabilité de l’épaule.
En cas de douleurs persistantes après la rééducation, un arthroscanner ou une IRM est parfois nécessaire afin d’objectiver des lésions du cartilage, du labrum (« ménisque de l’épaule ») ou des ligaments.
En cas d’échec de la rééducation ou en cas de luxation récidivante, une opération de stabilisation de l’épaule est parfois nécessaires. Les résultats de ce type d’intervention sont généralement bons et on envisagera une reprise sportive au minimum 3 mois après l’opération.
QUELQUES EXERCICES POUR ÉVITER LES BLESSURES ET REPRENDRE EN TOUTE SÉCURITÉ
Renforcement de la coiffe des rotateurs
L’épaule étant une articulation naturellement instable, il est primordial d’avoir un bon « gainage » musculaire de cette articulation. Ce maintien est assuré par les muscules de la coiffe des rotateurs. L’outil de base (et abordable financièrement) pour ce renforcement est l’élastique. Il conviendra de renforcer les différentes groupes musculaires, à des vitesses et des forces variables.
Les exercices de gainage en appui sur les coudes ou les mains sont également idéal pour travailler l’épaule surtout en utilisant des plans instable (Bosu, coussin de proprio…)
Pour un footballeur, une seule séance de renforcement par semaine des muscles de l’épaule suffit.
Apprendre à tomber
Afin d’éviter de solliciter l’épaule lors de chute, il est intéressant de copier les exercices utilisées en gymnastique ou dans les sports de combats pour apprendre à tomber et à rouler sans se faire mal. Ces exercices sont très intéressants à réaliser chez les jeunes joueurs dont le schéma moteur est parfois délicat ! Vous pouvez intégrer ces exercices dans des parcours techniques ou des exercices d’explosibilité avec chute maîtrisée + roulade au sol + relevé et sprint.
Échauffement & proprioception d’épaule
L’échauffement est primordial pour éviter les blessures à l’épaule. Il consiste en des exercices de proprioception (voir plus haut exercices avec élastique) et des étirements balistiques. Le joueur effectuera alors des mouvements du bras de grandes amplitudes et de façon dynamique afin de stimuler toute l’articulation de son épaule.