Interview : Patrick Chanceaulme; un entraineur entrainant ? (partie 1/2)

Dans sa fonction, l’entraineur investi se rendra vite compte qu’être au bord de la touche tient plus de la gestion humaine que de la gestion technico-tactique. Pour pouvoir faire appliquer ses convictions tactiques, sa motivation et ses envies techniques il faut pouvoir avant tout les transmettre. Tout converge alors vers une amélioration de sa communication. Tout serait simple si cela se résumait à ce seul mot. Eclairage avec mon interview de Patrick Chanceaulme ancien pro et expert en communication en milieu sportif et professionnel.

Découvrez l’interview de Patrick Chanceaulme

Cette année j’ai fait l’acquisition du livre : « les entraineurs sont-ils entrainés ? » Il fait partie des livres qui dès les premières pages vous font sentir que vous en allez en apprendre beaucoup. Ce fut grandement le cas! Il  a mis en lumière des choses que j’avais pu entre-apercevoir au cours de mes années d’entrainement. Ayant l’envie de toujours vous en faire connaitre plus j’ai sollicité l’auteur du livre pour une interview. Et il a eu la gentillesse de directement accepter. C’est donc avec plaisir que je vous fais partager cette interview à classer au rayon des échanges très enrichissant.

Entraîneur est-il une fonction facile qui consiste à connaître ses dispositifs tactiques et savoir calibrer ses plans de préparation physique ?

La fonction d’entraîneur réside principalement dans la gestion des hommes (et des femmes, dans le cas d’équipes féminines). Avant d’être un technicien, avant d’être un spécialiste des dispositifs techniques et/ou un  féru de préparation physique,  l’entraîneur doit être un manager d’hommes.

Comme dans chaque secteur d’activité et pour toute entité, sportive ou non, la performance collective repose sur 3 piliers :

1/ La vision : stratégie, objectifs…

2/ L’organisation : qui fait quoi, comment, avec quels moyens…

3/ La relation : les échanges, les modes de communication…

Les deux premières dimensions sont généralement très approfondies, dans les organisations sportives ou autres. La 3ème dimension, quant à elle, est rarement travaillée. Pour certains, elle relèverait du bon sens. Pour d’autres, elle demeure une notion intangible. Eh bien, il appartient à chaque manager responsable de définir le bon sens et rendre tangible ce qui ne l’est pas. Sinon, si les modes de relation ne sont pas performants, très vite la vision ne va plus être partagée et l’organisation va voler en éclats.

Chaque manager, chaque entraîneur, doit donc prioritairement mettre des mots

et travailler sur les 3 composantes du pilier « Relation », les 3 P

3p

En d’autres termes, chaque entraîneur doit se poser régulièrement les questions suivantes :

Plaisir /

Qu’ai-je fait et que dois-je faire pour que mes joueurs et mon staff prennent du Plaisir, à l’entraînement et en compétition ?

Progrès /

Qu’ai-je fait et que dois-je faire pour faire progresser chacun de mes joueurs et chaque membre du staff ?

Partage /

Qu’ai-je fait et que dois-je faire pour être performant dans mes modes de communication, en individuel et en groupe ?

La fonction d’entraîneur n’est donc ni facile, ni difficile.

Elle sera facile pour celui qui a su développer ses talents de leader et de communicant, parce qu’il aura travaillé les trois dimensions précitées. Partant de là, il verra grandir autour de lui la motivation individuelle et l’enthousiasme collectif.

Elle sera difficile pour celui qui n’a pas travaillé ces aspects-là et ne connaît pas ces fondamentaux du management et de la communication. Dans ce cas, son entourage souffrira beaucoup… et lui aussi !

La communication est au centre de tout travail d’équipe. En entreprise chacun le sait, pourquoi dans le milieu sportif on ne semble pas s’y intéresser ? On ne s’attache pas à vouloir mieux communiquer avec ses joueurs ?

 De mon point de vue, il y a plusieurs raisons à cela.

  • Tout d’abord, le milieu amateur cherche visiblement à s’inspirer des pratiques du milieu professionnel, lequel a malheureusement perdu de vue, depuis longtemps déjà, la fonction première d’éducateur (cf notion de Progrès) qui incombe à chaque entraîneur.
  • Par ailleurs, la pression (des résultats, de l’entourage…) amène tout naturellement les entraîneurs, même au niveau amateur, à se retrancher derrière ce qu’ils connaissent le mieux, parce qu’ils ont été joueurs eux-mêmes, à savoir la sacro-sainte technicité liée au métier.
  • Ensuite, il y a dans le sport le phénomène de répétition et d’urgence qui « écrase » les entraîneurs sous le poids de leurs émotions. Une compétition en remplace une autre. Dès la fin de la première, l’entraîneur qui est le plus souvent sous l’emprise de ses émotions se projette déjà dans la suivante. Il en oublie certaines étapes intermédiaires indispensables : le temps de l’analyse et de la réflexion, celui de l’écoute de ses joueurs et de son staff, celui du partage, de la définition concertée de (mini)plans de progrès pour la semaine, etc.

Il en oublie d’impliquer son entourage, ses joueurs, son staff… en les associant à la réflexion et à la prise de décision. Or, l’implication est plus forte que la motivation : en effet, tandis que le motivé s’occupe, l’impliqué, lui, se préoccupe !

Pour exemple, j’assistais dernièrement à un débriefing de match. Il s’agissait de l’entraînement du lundi, le premier après le match du samedi. En substance, la causerie se limita à ceci : « On a perdu samedi, il faut donc rattraper ces 3 points dès samedi prochain ; allez, on y va, décrassage ballon et footing ».

En fait, il manque plusieurs étapes primordiales :

  • l’analyse du match précédent, non pas une analyse unilatérale, mais une analyse partagée par tous les acteurs ;
  • la définition de (mini)plans de progrès personnalisés et concertés avec chacun des joueurs ;
  • la programmation de points-bilans intermédiaires pour la semaine à venir, avec chacun des joueurs.
  • Enfin, il y a la résistance au changement et la peur de l’inconnu, la peur d’avoir à ingurgiter des techniques de communication qui, c’est ce que pense à tort la plupart des entraîneurs, vont nécessiter de gros efforts d’appropriation, ou vont nuire à leur spontanéité, voire aller à l’encontre de leur personnalité ou de leurs valeurs…

Tout cela n’est pas fondé, mais les entraîneurs restent généralement fixés sur leurs croyances bien ancrées.

Pensez-vous que le développement de la capacité managériale est le point qui doit faire la différence entre les différents entraîneurs ?

 Ce qui est certain, c’est que les entraîneurs aujourd’hui sont très proches les uns des autres, du point de vue de la préparation technique-tactique-physique. Ces aspects-là sont généralement beaucoup travaillés. Les marges de progrès à ce niveau-là et les opportunités de différenciation sont donc très limitées ?

En revanche, les aspects fondamentaux de la relation, ceux qui font la motivation individuelle sur la durée, ceux qui génèrent la stimulation ponctuelle lors d’événements à ne pas manquer, ou encore ceux qui fabriquent l’implication pleine et entière, ces fondamentaux-là sont peu travaillés.

Or, les opportunités de différenciation aujourd’hui se situent à ce niveau.

Les entraineurs sont ils entrainésQuelle serait votre définition d’un bon entraîneur communiquant ?

Il y a déjà une bonne partie de la réponse dans votre question. En effet, un bon entraîneur doit être d’abord un bon communicant. Pour ce faire, il doit aimer ses joueurs (et son staff), avoir envie de les voir prendre du plaisir, avoir envie de les faire progresser, avoir envie de partager des choses avec eux.

Ensuite, face à ceux qui me disent qu’un bon entraîneur est celui qui a de bons résultats, je m’inscris en faux. C’est faux ! Il est plus juste de dire qu’un bon entraîneur est celui qui obtient le meilleur de chacun de ses joueurs et de son groupe. Peut-être figurera-t-il en bas de tableau, mais peut-être tirera-t-il le meilleur de son groupe et de chacun, avec les moyens et l’effectif dont il dispose.

La communication n’est-elle pas une affaire plus d’écoute que de paroles ?

La communication commence en effet par l’écoute, c’est-à-dire la prise en considération de l’autre, de ses opinions, de ses idées, de ses remarques, de ses émotions… A cet égard, le fait d’être écouté (et donc considéré) constitue une motivation essentielle, chez chaque individu, dont bien sûr chaque joueur.

Il convient donc que chaque entraîneur maîtrise les techniques d’écoute (les 3 types de reformulation et les 2 types de questionnement qui sont largement développés dans mon livre « Les entraîneurs sont-ils entraînés ? »).

Notez par ailleurs que la nature nous a dotés de 2 oreilles… et 1 seule boucle (c’est un signe !).

Retrouvez et commandez le livre exclusivement sur internet

Retrouvez la suite de cette interview jeudi prochain !

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A PROPOS DE L'AUTEUR

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Cédric DUBOIS
Le foot, mais plus précisément l'entrainement de foot me passionne. Depuis plus de 20 ans, j'apprends, j'applique, j'échange au maximum pour améliorer sans cesse mon approche de la gestion de groupe. Avec ce site, je propose d'apporter le maximum d'informations aux entraîneurs à la recherche de supports pour devenir plus efficaces.

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