Suite de mon interview de Pierre Chenu, Préparateur physique conseil pour le football. Il nous y parle d’amélioration de la vitesse, de résistance aux chocs mais aussi de l’importance du sommeil et de la nutrition. Enfin il donne son conseil principal à tout entraîneur amateur qui souhaite réussir sa prépa physique
Préparateur physique conseil pour le football
Que doit développer un footballeur pour être au top?
C’est un tout mais pour moi l’ensemble des qualités physiques doit être développé pour être au top.
Le travail aérobie pour pouvoir répéter les efforts de manière efficiente.
Le travail d’explosivité afin d’effectuer l’accélération nécessaire pour faire la différence vis-à-vis de son adversaire direct. Il ne s’agit pas de courir longtemps, mais de faire la différence sur quelques mètres afin d’avoir le dessus sur son opposant.
La musculation dans le but d’être plus puissant, mais aussi à visée prophylactique afin de réduire les déficits qu’il y a sur certains groupes musculaires et minimiser le risque de blessure.
La coordination, le travail d’appuis, afin d’être organisé correctement dans l’espace et dans un temps très court, afin de répondre aux exigences de l’activité.
Les étirements à visée de récupération (même si la littérature scientifique reste vague sur ce procédé après les séances…).
Quel est le meilleur moyen de développer sa vitesse ?
Il n’y a pas un moyen mais des moyens, et je citerai donc ceux-ci :
- Le travail de coordination intra et inter-musculaire.
- et d’explosivité sous forme de travail pliométrique.
- La vitesse, est aussi liée à la capacité à réagir vite à divers signaux (auditifs, visuels ou kinesthéstiques), d’où l’importance aussi de travailler sur ces composantes là.
- Travail d’haltérophilie est aussi important pour notamment la triple extension hanche/chevilles/genoux, mais cela nécessite un apprentissage et une bonne exécution des mouvements.
- Les gammes athlétiques, le travail d’appuis afin de bien placer ses segments pour être coordoné et réactif.
Et la résistance aux chocs ?
Renforcement musculaire et musculation principalement.
On voit que tu as été dans différents clubs, avec différents disciplines, au contact de public différent ; le besoin physique et physiologique est-il le même ? Ton travail va-t-il être le même ?
J’ai travaillé dans le handball professionnel et dans le foot amateur.
Il y a déjà une différence entre ces deux publics. L’outil du joueur professionnel est son corps, il est là pour performer, et est un compétiteur. Le public amateur est plus là pour son plaisir personnel, bien qu’il souhaite malgré tout performer, ce n’est pas son activité première.
Selon moi la différence majeure est qu’au handball le haut du corps (tirs, neutralisation…) est largement sollicité ainsi que le bas du corps (saut, course, changement des directions).
C’est un sport traumatisant au niveau articulaire et les pathologies sont légions notamment au niveau de l’épaule, et des genoux.
Il est donc nécessaire de mettre en place des protocoles (exercices spécifiques visant à mobiliser en amont les groupes musculaires sensible) d’avant match/entraînement, ainsi que de récupération après les entraînements.
Consacrer des plages horaires avec le médical (kiné, osthéo) est également nécessaire pour optimiser la récupération.
Dans le foot, le haut du corps est malgré tout moins sollicité.
Au niveau physiologique le handball est un sport avec énormément d’actions brèves et sollicitantes qu’il faut répéter avec efficience.
Au football, les actions brèves et sollicitantes sont moins nombreuses qu’en handball, mais ce sont ces actions qui vont être à l’origine des actions décisives. Il s’agit donc extrêmement performant dans ce domaine là.
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La nutrition a-t-elle une influence aussi sur le risque de blessure et sur la bonne forme de nos muscles ?
Bien entendu, elle est même indispensable.
Il faut manger pour récupérer.
Il faut choisir des aliments riches en glucides combinés avec des protéines dans les minutes suivant la fin de l’entraînement pour aider le corps à récupérer rapidement.
La nutrition, et j’ajouterai l’hydratation, car les deux sont indissociables, permettent de protéger (légumes et fruits de saison), réparer (viandes), fournir de l’énergie (féculents) à l’organisme afin de performer.
En fonction de la séance, et ce dans les 20 à 30 minutes suivant celle-ci afin d’être la fenêtre catabolique, l’apport hydrique doit être suffisant pour compenser les pertes de la séance.
En général :
– Avant effort : eau
– Pendant l’effort : une boisson isotonique sucré / salé (en fonction de la température et de la durée de l’effort)
– Après l’effort : boissons de récupération (Plus ou moins glucidiques ou protéiques en fonction de la séance)
Le joueur doit-il faire attention à son sommeil, sa forme générale pour bénéficier totalement du travail physique ?
Le sommeil est extrêmement important. Il convient d’avoir 6 nuits de qualité / semaine d’au moins 9H30. Egalement des siestes entre deux entraînements sont préconisées.
En résumé, moins on dort, moins on est disposé à encaisser le rythme de la compétition, et plus on a de chance de se blesser.
Dormir, c’est aussi sécréter des hormones (hormone de croissance) par l’organisme veillant à son bon fonctionnement, au maintien des structures de l’organisme et donc à la récupération.
Comment détecter un joueur qui n’est pas bien physiquement et qui a donc des risques de bientôt se blesser ?
Une humeur changeante, des performances moindres, des petites gênes qui ne survenaient pas avant, un mauvais sommeil, attraper un petit rhume, sont autant d’éléments qui doivent attirer l’attention sur une éventuelle fatigue de l’athlète et donc un risque de blessure accrue.
Comment penses-tu que la préparation physique va évoluer ? Vers quoi vont s’orienter les préparateurs ?
Avec des outils permettant de quantifier la charge de travail interne avec des logiciels permettant cela (GPSport par exemple). Attention, ce sont des outils mais il ne faut pas se fier uniquement à leurs données, c’est un plus dans l’analyse de l’activité qui complémente ce qui se fait déjà.
Je pense qu’il va y avoir plus de préparateur physiques dans les clubs de sport collectifs.
Ceci afin d’individualiser le travail pour optimiser la performance, ainsi que pour prendre en charge le travail de réathlétisation.
Que conseillerais-tu à un entraineur amateur qui veut avoir un groupe en super forme toute l’année mais qui ne dispose pas de préparateur physique ?
Malgré tout c’est d’aller à l’essentiel et de faire sa préparation physique intégrée, c’est-à-dire de travailler à maxima avec ballon.
Les séances d’entraînement au niveau amateur ne sont pas multiples. Il faut donc être efficient afin de pouvoir optimiser le temps imparti.
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