Plus de risque de se blesser en jouant sur synthétique ? Depuis de nombreuses années les pelouses synthétiques ont fait leur apparition au point de voir de plus en plus de clubs en disposer. Les avantages sont nombreux mais au chapitre des inconvénients est souvent mis en avant le nombre plus élevés de blessures avec la pelouse synthétique. Qu’en est-il vraiment ?
Plus de risque de se blesser en jouant sur synthétique ?
Avantages de jouer sur synthétique
Commençons par parler des avantages et ils sont nombreux.
Un terrain toujours praticable. Pas besoin de vous faire un dessin la pelouse synthétique est toujours à la bonne hauteur, évacue l’eau, a toujours le même degré de rigidité. Il n’existe donc pas de jour interdit (sauf arrêté de district ou de la ligue) Autre avantages pour les clubs avec un nombre énorme de licenciés, la possibilité de faire jouer tout le monde tout le temps sur différents créneaux sans pénaliser les autres.
Un terrain (quasi) sans entretien. Les lignes sont toujours tracées, la pelouse bien taillée les employés attitrés à l’entretien de la pelouse ont une charge de travail bien moindre et donc cela représente une économie pour la municipalité. Pour les joueurs pas de mauvaises surprises le dimanche avec des lignes non tracées par exemple
Un terrain sans faux rebond, sans glissade, sans prise d’appuis changeants. Le terrain synthétique est lisse les passes sans faux rebonds, les frappes également. On y voit donc un jeu plus propre et plus axé sur la vitesse de transmission et moins le combat. Les appuis étant à chaque fois sure, le porteur du ballon n’a aucun mal à effacer un adversaire qui se jette. Le jeu change au profit d’un système axé passe et moins combat.
Des jeux de maillot moins sales…ça c’est pour le service nettoyage des maillots
Inconvénients quand on joue sur synthétique
Des billes noires partout dans votre sac…
Du jeu très rapide avec beaucoup moins de temps morts que sur pelouse et une nécessité de jouer qui pourra embêter les équipes plus axées sur le combat ou sur des matchs où il faudra renforcer le côté défensif.
Les blessures
Je vais y passer un peu plus de temps car c’est l’argument type des anti-synthétique…La pause des pelouses synthétique est désormais systématiquement accompagnées de la polémique blessure
Elle est totalement fausse : un terrain synthétique ne génère pas plus de blessures qu’un terrain en herbe.
Toutes les études – que ce soient celles menées au niveau de l’élite ou au niveau amateur, chez les jeunes et dans d’autres régions comme par exemple aux US– concordent : le risque global de blessures est le même sur gazon artificiel que sur gazon naturel.
On ne constate pas plus de rupture des ligaments croisés que sur les terrains humides et boueux. On aura sans doute une baisse des entorses de la cheville mais une augmentation des problèmes ligamentaires ou des douleurs dorsales particulièrement chez les jeunes qui ont utilisés du synthétique depuis leur premier pas de footballeur
Une étude norvégienne [1] a recensé tous les types de blessures intervenues sur 3 saisons de L1 locale en faisant la distinction artificiel de 3ème génération /naturel. Au terme de l’étude il apparaît que le risque de blessure est identique sur artificiel que sur naturel que ce soit en match ou à l’entrainement. Résultats corroborés par une autre étude suédoise [2].
Concernant les brûlures, elles existaient sur les terrains de premières générations qui s’apparentaient plus à de la moquette. Mais ce n’est plus le cas de nos jours avec le synthétique de troisième génération.
Il est a noté particulièrement qu’il faut bannir les lamelles !! Ce type de crampons provoque justement un blocage du pied. Ce n’est pas adapté. Pourquoi ? Parce que sur un appui de blocage, le joueur est censé pivoter sur un lui-même. Avec un crampon qui est rond (comme le crampon traditionnel) c’est possible dans du synthétique. La lamelle ne le permet pas, ce n’est pas le pied qui tourne, c’est la jambe . Ce sera d’autant plus vrai avec des lamelles hautes.
Aujourd’hui la proportion est d’un peu plus de 10% de terrains synthétiques en France et cela risque de se poursuivre car il sera toujours préférable d’y évoluer plutôt que sur un terrain bosselé avec du trèfle et gorgé d’eau…S’il reste encore des réticences elles sont à mettre du côté des anciennes générations de joueurs. Ils ont été habitué à la bonne odeur de pelouse coupée et non pas des nouvelles générations qui n’ont pas tout ces a priori négatifs. Après cela restera un choix de municipalité et une question de préférence …
[1] Bjorneboe, Bahr, Andersen (2010). Risk of injury on third-generation artificial turf in Norwegian professional football. British Journal of Sport Medicine, 44, 794-798
[2] Ekstrand, Timpka, hagglond (2006). Risk of injury in elite football played on artificial turf versus natural grass : aprospective two-cohort study. British Journal of Sport Medicine, 40(12), 975-980
3 réponses
À lire……
Franchement, je pense qu’il y a plus de risque sur certaines blessures (ligament croisé ou ligament de la cheville). Dans mon équipe, on joue sur herbe et pourtant, en deux ans, un ligament croisé sur synthétique et deux ruptures des ligaments de la cheville sur synthétique. Rien du tout sur l’herbe alors qu’on joue tout le temps dessus.
Mon chirurgien a lui même souligné le nombre très important de croisés sur synthétique, donc bon, faudrait peut être refaire des statistiques en France. Et concernant le type de chaussure, j’avais les Copa, donc des crampons ronds et non pas en lamelle. Le pied est resté bloqué quand même. Voila pour ma petite expérience.
Après le jeu est plus rapide et plus beau, ok.
Bonjour Nicolas,
Bien entendu le synthétique ne supprime pas les blessures et on retrouve les mêmes pathologies d’un côté comme de l’autre. Un gros soucis aujourd’hui réside dans le fait que beaucoup de joueurs passent d’un type de surface à une autre : pelouse vers synthétique et inversement. C’est ce phénomène qui est responsable de très nombreuses blessures.