OM-Bielsa : système de fou. C’est l’équipe en feu de ce début de saison, l’OM et ses 8victoires consécutives dominent le championnat. Alors que la presse s’enflamme en citant pour recrue principale le coach de l’OM Marcelo Bielsa, elle n’explique que très peu son système de jeu. A quoi tiens le succès de l’OM en ce début de saison ? Comment s’articule le 11 phocéens ? C’est ce que je vous propose aujourd’hui.
OM-Bielsa : système de fou ?
Composition
Bielsa a pour réputation de ne faire que très peu tourner son effectif. Après avoir tâtonné sur les premières rencontres, l’argentin a trouvé sa formule et on retrouve la plupart du temps cette composition.
Mandanda dans les buts et capitaine de ce 11.
Une défense à 4 avec Nkoulou Morel dans l’axe, et Mendy et Djadjedje dans les couloirs
Au milieu deux axiaux Romao et Imbula sur les couloirs Ayew et Thauvin et enfin Payet en soutien de tout le monde.
Devant Dédé Gignac naviguant sur le front de l’attaque
Animation offensive
Commençons par l’offensive (une fois n’est pas coutume en France !) Sur le papier est aligné un 4-2-3-1. Un tableau c’est figé, ça ne bouge pas, alors qu’un 11 de football c’est vivant ça se déplace ça combine. Explications
Et côté Olympiens ça combine plutôt bien.
La force de l’OM cette saison c’est d’avoir une grosse possession de balle (plus de 55% en moyenne) Contrairement à ce que montre leur fin d’action l’OM prend le temps de construire et de planifier ses montées de ballon. La raison est simple et toute trouvée : la force de l’OM réside dans sa capacité à fatiguer l’adversaire et à profiter de ses errements défensifs.
Le travail de fond est donc de remonter le ballon en multipliant les passes. De sorte que le bloc adverse est obligé de coulisser en permanence, recadrer en se resituant. La vigilance doit être extrême car les Olympiens vont multiplier les courses dans le dos des joueurs adverses. Faisable une mi-temps, exténuant durant 90min quand on court après le ballon.
Le système est souvent le même pour pouvoir remonter le ballon, l’OM repart systématiquement court avec Mandanda, lequel prend appui sur Morel ou Nkoulou, à ce moment Romao redescend quasiment entre les deux axiaux pour amorcer le jeu, les axiaux s’écartent et les défenseurs latéraux prennent leur couloir en position haute. Thauvin et Ayew se recentre pour dégager le couloir et Payet propose entre les lignes quasiment systématiquement sur le coté de la pointe basse du système adverse. Imbula quant à lui se place latéralement proche de Romao et sert à temporiser afin que ce dernier remonte d’un cran s’il n’y a pas d’espace.
Le mouvement est la clef de ces remontées de balles, les joueurs sont forcés de bouger et comme le mouvement appel la passe le jeu n’est jamais arrêté. C’est très rare de voir un joueur se mettre en route quand le ballon arrive il est déjà lancé.
Le rôle de Payet est sans doute le plus important. Dans sa position libre il dézonne en fait très peu. Je dirais qu’il occupe des zones libres en proposant des passes et dans angles de passes qui permettent d’éliminer le bloc central adverse sur une passe. Lorsqu’il est sollicité l’OM se met en position dangereuse.
Gignac quant à lui n’est plus l’attaquant axial qui attend. Certes il reste aux avant-postes mais sa débauche d’énergie est assez impressionnante. Les matchs où il dépasse les 12kms sont nombreux ce qui est énorme pour un attaquant. Son rôle devant va être de venir combiner sur les côtés et de permettre un échange de rôle pour les milieux latéraux. Payet prend le couloir Gignac vient en soutien et soit Thauvin à droite soit Ayew à gauche profite de l’espace ainsi créée.
L’OM est très fort dans ces cas-là, le changement de rythme profite du laps de temps où l’adversaire n’y est plus. C’est valable sur ce type de décalage c’est aussi valable sur les attaque rapides ou Ayew sert alors de rampe de lancement. Sa vitesse couloir permet d’envoyer le ballon très haut chez l’adversaire. La présence de Gignac et ses courses en limite de hors-jeu et souvent dans le tempo sont bien souvent dangereuses et décisives.
Sur cette image on peut voir un des points clefs de l’animation offensive. Sur un basculement du jeu côté droit Gignac est venu combler avec Djadjedje sur le couloir droit et a proposé un relais. Après un appui vers Thauvin il est reparti dans l’autre sens. Thauvin se recentrant a pu se dégager du marquage et se placer face au jeu. Payet en profite alors pour contourner la ligne de 3 Rennais. Le défenseur rennais et ses coéquipiers ne savent plus où ils doivent aller. Ils se retrouvent avec 3 Marseillais dans le dos car du fait du décrochage de Gignac les Rennais sont restés en position pendant que le Marseillais partait instantanément dans leur dos…Obnibulés par Giganc ils n’ont pas vu et pas suivi Djadjedje.
Animation défensive
Défensivement, on va aussi parler d’offensive. L’OM a deux options :
– Une récupération à la perte
– Une récupération basse
La première option est pour moi la plus intéressante et la plus caractéristique de cet OM. Si le ballon est perdu dans les derniers 30m adverse, les joueurs vont déclencher un pressing très rapide et très agressif sur le porteur. On voit alors Gignac et Payet isoler le porteur par leur course. Celles-ci sont déclenchés bien souvent sur le latéral en position d’isolation. Si c’est un des milieux axiaux défensifs qui reçoit le ballon ce sont Imbula et un latéral qui viendront isoler tandis que Romao couvre son binôme de l’axe. Payet vient alors bloquer les remises en retrait. Cette situation est la plus pénible à subir pour l’adversaire sans solution de sorti pour son bloc.
La deuxième option consiste à laisser le ballon à l’adversaire. On voit alors un OM en position de pressing médian. La ligne de récup est alors à ses 35m avec leurs deux lignes défensives qui coulissent. Les espaces sont très réduits et l’adversaire est obligé de faire circuler sur la largeur pour trouver une faille. Ou alors la solution réside en des lancers de ballons aérien pour contourner la défense, Morel et Nkoulou captent alors quasi systématiquement ses ballons. Le pressing ne sera déclenché qu’au moment de l’accélération adverse et sur des joueurs dos au jeu ou en phase d’accélération. Dans cette situation l’adversaire se fatigue encore mais cette fois ci en possession de balle.
Ici, les Marseillais viennent de perdre le ballon. Très présents dans le camp adverses ils déclenchent logiquement leur pressing à la perte. Sur une remise en retrait du milieu défensif Rennais, les Marseillais se positionnent. Djadjedje bloque la passe vers le couloir pendant que Thauvin coupe cette ligne et peut venir compenser si le ballon vient sur le Rennais sur sa gauche. Payet vient vers le porteur quand celui-ci n’a pas encore reçu le ballon et est en pleine prise d’info. Gignac vient le harceler et coupe la ligne de passe vers l’arrière centrale et vers le gardien. Imbula est en prévision d’une passe réussit afin de gèrer le prochain cadrage. Le rennais n’a plus trop de choix :
– relancer loin et fort en instantané
– renverser vers son arrière droit sans doute en une touche = dur
Comment contrer ce système
Cet OM n’est pas infaillible, loin de là. Cette organisation demande un effort important et donc une superbe capacité à multiplier les efforts. Les olympiens ont énormément progressé dans ce domaine. Si la saison va être longue avec le même 11 sur ce point elle le sera encore plus sur le second point. Le pressing qu’il soit à la perte ou en médian comme ils l’exercent demande une rigueur phénoménale car il faut en permanence compenser les déplacemenst de ses coéquipiers afin de couvrir les espaces ouverts. Un seul moment d’égarement, un déchet technique et c’est toute la machine qui s’enraye. Sur plusieurs matchs on l’a vu, l’OM a balbutié son football durant 10-15minutes et s’est retrouvé alors en difficulté.
Pour contrer ce système il faut jouer sur le même terrain : avoir un axe très fort. Ca été le cas avec l’OL ce weekend et cet axe en losange qui permettait de couvrir les axes médian(Ayew Thauvin) sur les côtés mais aussi de bloquer Payet avec sa pointe basse et de naviguer entre Imbula et Mendy(pour le coup) avec la pointe haute. Il faut mettre beaucoup d’intensité pour empêcher l’OM de mettre son jeu de possession en place.
Derrière le cas Gignac doit être réglé dès le début avec un marquage strict et agressif. Ne pas lui laisser le moindre espace en permanence afin d’empêcher ses courses dans le dos mais aussi ses remises en relais.
Offensivement il faut exercer un pressing à la perte avec une présence en appel de manière systématique dans le dos du latéral . Voir d’où part l’action et après la récup envoyer directement dans cette zone.
Conclusion
L’OM possède un superbe système en début de saison. Il consiste à bien fatiguer son adversaire que ce soit en position défensive ou en possession de balle. Rigueur et débauche d’énergie sont la clef afin de garder cette efficacité. Mais pour le moment cet OM n’est pas infaillible sur 90minutes et le système est encore friable. L’enjeu va consister à savoir si le 11 Olympiens va réussir à traverser la saison en restant frais physiquement et psychologiquement.
2 réponses
Bialsa n’a pas fait de miracle, il a su gérer un groupe de joueur avec la main de maître, on les faisant bosser sans pitier
Je trouve qu’il a été malin. Il a fait avec les joueurs qu’il avait. Il s’est demandé comment faire pour faire de ces joueurs une équipe. Il a travaillé très finement et sans relache. ET ça a payé. Chaque entraineur devrait s’en inspirer.