Leçon de Coaching : la France à l’est. Retour d’une session tactique avec le double match des bleus. Ici j’ai voulu analyser les choix de Deschamps ainsi que l’animation qui en a découlée. Il n’est pas question de juger les joueurs de par leur nom mais de par leur performance.
Leçon de Coaching : la France à l’est
Acte 1 : Géorgie – personne ne bouge
Le sélectionneur avait choisi un 4-4-2 un peu atypique avec une animation à deux relayeurs avec Sissokho et Guilavogui. Et puis Ribery à gauche, Valbuena un peu plus libre évoluant droite et axe enfin devant Benzema et Giroud.
Ce choix devait découler sur une animation à multiples options. La première avec deux 6 très solides disposant d’une vitesse de projection vers l’avant. Devant eux Ribery devait se tenir dans son couloir et Valbuena venir axe pour combiner et ainsi laisser son couloir à Sagna ou bien prendre le couloir et laisser l’espace axe pour les décrochages de Benzema ou bien les remises de Giroud.
Sauf que rien ne s’est quasiment passé ainsi. La faute à un manque criant de prises d’initiatives, de respect de consignes mais aussi de vitesse.
Commençons par la vitesse, de deux types : de déplacement, de transmission. Les Français auront été défaillants sur les deux plans. Face à un bloc recroquevillé à l’extrême comme la Géorgie le moindre contrôle en trop, la moindre info mal prise se traduit par une action avec joueurs arrêtés qui ne peuvent se mettre en route qu’une fois le ballon reçu. Plus de mouvement = plus d’animation. Prenons en exemple le couloir gauche avec Evra qui systématiquement s’est évertué à contrôler, lever la tête avant de se mettre en action…là où l’action réclamait d’avoir pris l’info avant de recevoir le ballon et de transmettre en une touche sur Ribery lancé. Au contraire, de part cette lenteur Ribery se trouvait arrêté et marqué de très près. Autant dire…inutile. Ce n’est qu’une illustration de cette incapacité à créer du mouvement. Et c’était l’accent principal à mettre sur ce match face à une équipe concentrée sur deux lignes + pressing défensif agressif et très bien suivi.
Dans cette configuration le ballon doit s’adapter au mouvement. Il suffit d’un joueur qui joue à l’envers pour arrêter le bloc et devenir prévisible pour la suite de l’action. Autre exemple avec les milieux défensifs-relayeurs qui ont trop souvent cherché à perforer l’adversaire, l’option aurait pu être payante. Notamment sur contre-attaque ou action jouée rapidement. Pour cela il aurait fallu plus de maitrise technique or ni Sissokho ni Guilavigui n’ont présenté suffisamment de garantie sur ce point. Pas de contrôle pas de football.
Au niveau des consignes il y a eu un manque. Le jeu Géorgiens était simple harceler le porteur, l’empêcher de jouer vite dans les espaces. Sur 90minutes ils ont globalement bien appliqué ce principe. Le problème côté Français c’est que trop souvent les joueurs n’ont pas appliqué ce qui pourtant était simple à faire pour fatiguer et déstabiliser l’adversaire. Le point principal est le placement dans le dos des milieux latéraux, dans l’espace avec les milieux défensifs. On a trop souvent vu nos joueurs collés à leur adversaire. On en revient au final au manque de mouvement, de vitesse ou quand l’envie de créer du mouvement et des espaces n’est pas mis en place.
En résumé : manque de mouvement + de vitesse de jeu.
Acte 2 : Biélorussie – Fébrilité
Changement de dispositif avec la sortie de Benzema et passage à un attaquant. Didier Deschamps repasse sur un 4-2-3-1 : Matuidi et Pogba à la recup-1ère relance, Ribery et Payet dans les couloirs et Valbuena plein axe.
Le plan Biélorusse consistait une nouvelle fois en un pressing défensif très bas. Blocage des latéraux en marquage très serré. Valbuena se voyait empêcher de se retourner pour être face au jeu et les bélarusses coupaient les trajectoires de passe coupant ainsi les relations côté axe.
La première mi-temps est marquée par la relative fébrilité des joueurs Français. Encore une fois on retrouve les multiples touches de balle et notamment en préparation d’action. Face à un bloc regroupé la moindre lenteur dans la prise de décision est autant de secondes offertes pour se replacer et pour souffler. Hier soir en première mi-temps c’était un véritable don à la Biélorussie qui n’en demandait pas tant. De ce fait on a retrouvé des actions très stéréotypées : les arrière centraux donnaient aux latéraux qui donnaient à leur milieu respectif lequel était coincé dans son couloir et ne pouvait remettre axe sur Valbuena…retour arrière.
Défensivement
De par cette fébrilité et ce manque d’engagement les bleus n’ont pas été présent sur les deuxièmes ballons ceux où il faut se battre le plus et c’est ainsi qu’ils ont du concéder de nombreuses actions dont celle amenant le corner et…le premier but.
La solution pour les Français amener de la vitesse et profiter du moindre relâchement adverse pour les déstabiliser. Accélérer le mouvement du ballon. On a vu au retour des vestiaires Pogba prendre en main le jeu Français. Beaucoup de jeu long précis a été utilisé pour aller solliciter Ribery directement dans son couloir et lancé ou bien jouer sur les remises de Giroud plein axe.
Le souci avec un système tel face à soi est de mettre de la vitesse par ce jeu direct Pogba et les bleus ont répondu à ce problème. On a alors vu plus de jeu en déviation de joueur lancé créant ainsi un mouvement. C’est la parfaite illustration du but de Nasri avec une balle longue suivi d’une déviation en jeu court, la défense est déstabilisée offrant un espace de tir au Citizen.
Sur ces deux confrontations, on voit que le deuxième système de jeu et le choix des joueurs ont eu un impact positif dans le résultat. La prise de deux buts est imputable au manque d’impact et d’implication sur l’engagement bien caractéristique d’une fébrilité. Le problème côté bleu est sans doute une certaine incapacité à se donner à fond, à jouer vite et simple. Il faut toujours une touche de balle en plus à chaque fois ce qui vient annihiler toute la possible fluidité des actions. On notera aussi que sans arrière latéral capable d’éliminer et d’avoir un taux de centre supérieur à 75% on se prive de nouvelles armes de déstabilisation.
Ces deux matchs auront été l’occasion de réviser la défense en pressing défensif en 4-5-1 et les moyens de les contrer…ou d’essayer.