France – Suisse : l’analyse.. Un soir d’été, une télé, une bande de pote et un 5-2 explosif pour des bleus déjà qualifiés pour les huitièmes. Autant vous dire que j’ai vécu un match passionné comme toujours à fond derrière les bleus. Cet aprem à tête reposée j’ai revisionné le match de manière dépassionnée par le résultat mais passionnée par le mouvement, l’articulation du bloc bleu et par les choix de Deschamps. Analyse
France – Suisse : l’analyse
1h avant le match la feuille de match sort : exit Griezmann et Pogba place à Sissoko et Giroud. Deschamps aurait pu suivre l’adage : pourquoi changer une équipe qui gagne ? Et bien tout simplement pour mettre en corrélation l’efficacité de son équipe et les faiblesses de son adversaire. Giroud est chargé de combattre plein axe de la tête la paire Djourou Senderos. Tandis que Sissoko amène son jeu simple et direct. Mais aussi il met Pogba au calme et en remise en question. Pas que Pogba ait été suffisant mais Deschamps a envie qu’il franchir un pallier et cela passe par une remise en question.
Autre point ces choix montrent clairement que Deschamps est le boss de cette équipe et n’a aucune crainte à mettre deux joueurs auteurs de bonnes prestations sur le banc tout en comptant sur l’implication totale des deux autres. Ainsi c’est tout le monde qui ajoute du crédit à la méthode Deschamps(en avait-il besoin ?) Mais surtout chacun est impliqué dans l’aventure en se disant « j’ai ma contribution à apporter ». Voilà déjà pour la leçon tactique et managériale.
A la relecture de ce match je change ma première opinion que je m’étais faite hier soir. J’avais eu l’impression d’une équipe de France omniprésente et monopolisant les débats. Mais à la lecture des stats au bout des 90min et après la vidéo je peux vous dire que les bleus ont moins touché le ballon, moins attaqué que les suisses. La clef de ce match a été la rigueur dans le verrouillage du jeu adverse ainsi que l’efficacité de la propulsion vers l’avant. Où quand tout a été écrit et prévu par le staff bleu se déroule parfaitement. Car avant de rentrer en détail il ne faut pas oublier que les Suisses ont eu des opportunités mais n’ont pas su ou pu les exploiter. La France n’a donc pas été à l’abri du danger offrant des actions à leur adversaire mais en jouant à fond on s’expose. Je préfère qu’elle marque un but de plus tout en en prenant quelques-uns. La philosophie de l’edf a bien changé. Ce n’est qu’une confirmation de ce que j’ai vu depuis le début du mondial les équipes qui gagnent sont généreuses et disciplinées.
Bloquer les Suisses et exploser en attaque rapide
La formation est simple
Niveau formation on retrouve les 4 de derrière, Cabaye en pointe basse Matuidi en harceleur côté gauche Sissoko très proche de Valbuena côté droit puis la doublette Benzema Giroud dont un des deux sera chargé du couloir gauche.
Tout ça n’est pas figé loin s’en faut.
L’arme fatale des bleus hier soir, surtout en première mi-temps aura été d’
Empêcher les suisses de sortir et d’être créatif.
Premier principe : une rigueur de placement
Derrière Sakho et Varane s’occupent de l’axe et laisse un espace faible entre eux et Cabaye de sorte que toute passe dans cette zone sera rattrapable ou le réceptionneur sera vite pressé. Sur les couloirs les latéraux vont aller chercher haut leur adversaire. Les arrières latéraux suisses ne montant que rarement aucun risque de passage dans le dos. Ainsi Sissoko à droite et Benzema à gauche sont venus biens souvent bloquer le couloir et couvrir un éventuel débordement. Mais il y en eu peu. Bien souvent il suffit à Matuidi d’aller chercher le réceptionneur et meneur axial suisse de même pour Sissoko. Le suisse dos au jeu n’avait pas le loisir de contrôler correctement et encore moins face au jeu. Ainsi la vitesse de jeu est coupée. Les Suisses ne peuvent mettre de vitesse dans leur jeu. Sissoko n’hésite pas à se positionner en attaquant sur la première relance Suisse en les harcelant pendant que Valbuena couvre le couloir.
Les Suisses ont aussi péché techniquement par trop de déchet
En deuxième les Suisses seront plus dangereux avec enfin plus de mobilité. Avec un 3 0 en poche les Français sont moins intensifs et ils se font surprendre plusieurs fois. Mais ce n’était plus à eux de faire le jeu.
Deuxième principe : une activité incessante
Les bleus n’auront eu de cesse de sortir sur les suisses ! De mettre leur ligne de récup haute sur le terrain et ne pas reculer. Je n’ai pas les stats de course des bleus mais ils ont durant une bonne heure comblé absolument tout les espaces. Coupant les lignes de passes, stoppant la moindre remontée de balle adverse. Les suisse ont systématiquement trouvé un bleu sur leur route.
La deuxième arme fatale des bleus : une capacité de contre phénoménale
Les bleus joue en jeu direct = se mettre devant le but en un minimum de temps, de passes, d’effort. C’est la circulation du ballon qui va donner de la vitesse au jeu. Le ballon va plus vite que le joueur. Il fallait donc trouver des zones de jeu où les attaquants pouvaient s’exprimer à pleine mesure c’est-à-dire lancés. Donc à la moindre récupération loin du but Suisse les bleus ont systématiquement joué en direction de leurs attaquants lancés. Et ils les ont trouvé. Particulièrement du côté de lischteiner qui était dans une position médiane pas vraiment en attaque pas vraiment en défense. C’est là que Benzema a le plus souvent demandé le ballon et ses courses ont fait très mal. Offensivement nous n’avons pas vu de jeu complexe d’élimination balle au pied mais du jeu simple. Une bonne exploitation de la prise d’info : « je sais ou se déplace mon coéquipier avant de recevoir le ballon. Je joue en première intention simple. »
Dans l’association Giroud Benzema on a vu les deux échanger leur rôle, ne pas hésiter à venir combiner couloir gauche pour fixer la défense et renverser ensuite à l’aide d’un milieu axial vers la droite avec Sissoko et Valbuena.
A 2 0 Giroud a pris le couloir et Matuidi s’est occupé du couloir gauche on a ainsi trouvé encore plus de facilité dans le placement et la variation de nos attaques. Giroud servant de point d’appui fixe dans le couloir ou il n’avait plus à subir les grandes tailles de Djourou et Senderos
Une illustration parfaite c’est le but de Valbuena une merveille de contre mais aussi le but de Sissoko. Le dernier but est marqué en marchant quasiment, c’est le ballon qui se promène tout est logique de la récup en relance rapide, au faux appel de Pogba l’isolation de Sissoko.
Décryptage de trois situations
Premier but : Giroud sur corner
Le corner est sortant, tiré par Valbena. Le gardien est positionné bizarrement à 90° par rapport à sa ligne ses déplacements sur toute l’action manqueront de vitesse et de tonicité. Pas de joueur au deuxième celui au premier est à un 1m de celui-ci. La Suisse est en marquage de zone : 5 joueurs sur la ligne de 6m. Les Français piquent eux plein axe. Matuidi et Varane notamment et Giroud un peu en retrait. Ce qui fait que le premier rideau suisse suit Benzema et Matuidi laissant Giroud tranquille sans opposition. Au moment où Giroud prend sa course d’élan le suisse est sous le ballon, arreté Giroud, lui, arrive lancé ; sa tête puissante fait but.
Deuxième but : Matuidi
Quand fait-on un pressing ? Quand l’adversaire n’est pas dans un temps fort et relâche la pression. Quand il lance un engagement !
Le Ballon revient axe, les Français forcent les Suisses à repartir en arrière. Le pressing de Matuidi plein axe sur le réceptionneur, Benzema anticipe la passe en retrait en arrêtant son pressing et repart dans l’autre sens. Impossible de faire autrement pour le Suisse. Il est dos au jeu et la paire Valbuena-Sissoko bloque la ligne de passe.
Sous la pression le suisse rate sa passe, Benzema récupère, fixe plein axe, Matuidi arrive lancé sans contrôle but 2-0. Exploitation parfaite d’un temps faible. Les bleus ont parfaitement exploité leur capacité de reconcentration.
Troisième but : Valbuena
Giroud sort le ballon de la tête vers le couloir droit ou Benzema est positionné dans le dos des Suisses. Giroud part de suite vers l’axe. Benzema donne à Varane qui est face au jeu et donc voit les mouvements.
9 joueurs Suisses sont dans nos 30m
Benzema attire les joueurs par un faux appel couloir. Du coup le repositionnement adverse s’arrête et se fixe. Giroud continue sont déplacement dans l’espace libre à gauche et se retrouve seul
Pendant ce temps Valbuena se met plein couloir droit les deux Français sont très éloigné. Ce qui a le don de désorganiser les suisses. L’arrière centrale est en position de deux contre un.
Les Bleus auront livré une prestation faite de rigueur et d’envie. Les schémas tactiques sont maitrisés et chacun a livré une prestation digne de son rang. Côté Deschamps il peut avoir le sourire car voir son équipe appliquer l’ensemble de ses consignes et remporter aisément un tel match ça conforte toute sa philosophie. Les bleus sont très bons à la récup et dans la gestion des temps faibles et des situations de déséquilibre adverse. A poursuivre 😉 Moi j’ai pris une leçon de plaisir