Analyse des systèmes de jeu. Cet article ouvre une toute nouvelle rubrique du site : la rubrique coaching. Celle-ci permet de mettre en lumière un choix, une organisation, une adaptation du coaching par un entraineur en proie à une contrainte. Aujourd’hui c’est Didier Deschamps qui est à l’honneur avec son coup tactique de la semaine passée.
Analyse des systèmes de jeu
L’adversaire
L’Espagne est la meilleure équipe du monde(en sélection) depuis plus de 4ans. Trois titres continentaux, 24 victoires sur les 24derniers matchs, 0 but depuis trop de matchs…un jeu léché, précis pointu…affuté. Avec cette particularité de passes redoublés, de mouvement perpétuel, de disponibilités incessantes.
Son jeu est difficile à contrer car il vous prive de ballon et voit ses joueurs s’incruster en permanence dans les interlignes dans votre dos obligeant vos défenseurs à une vigilance un dialogue permanent. Le souci principal est leur qualité technique. Pas de grigri en tous genres mais des contrôles parfaits et des passes au millimètre qui permettent de trouver une solution dans la moindre erreur que vous ferrez. Le scénario est quasi connu d’avance, votre équipe va reculer recroquevillée sur ses buts. L’Espagne va fatiguer votre défense en multipliant les passes, les changements de côté jusqu’à ce qu’un défaut de marquage, une mauvaise couverture va se faire dans votre défense…
La composition
Didier Deschamps pour se faire, et compte tenu des absences aussi, a adapté son 11 à ces contraintes
France : Lloris – Debuchy, Koscielny, Sakho, Evra – Cabaye, Gonalons (Valbuena, 57e), Matuidi – Ménez (Sissoko, 68e), Benzema (Giroud, 88e), Ribéry.
La défense est très solide dans l’axe avec deux joueurs très complémentaires et disposant de qualités de relance rapide et au près. Sur les côtés deux joueurs au profil différent. A droite Debuchy qui est chargé d’animer son couloir et qui donc aura de grande liberté, de l’autre Evra qui lui ne devra « que » verrouiller son couloir car devant lui il aura le principal élément chargé de lancer les offensifs : Ribery.
Si vous avez l’occasion de revoir le match, vous verrez que Matuidi et Cabaye vont systématiquement presser le porteur de balle (Iniesta Xavi) dès que celui-ci passe les 40m. Cela a pour effet de ne jamais les laisser jouer face au but. Ils sont en permanence de dos ou de biais ce qui les empêche de trouver de la verticalité.
La différence va se faire là,
au lieu de voir les Espagnols fatiguer les Français c’est l’inverse ensuite qui se produit. Les Espagnols vont hausser leur niveau de jeu pour essayer de déborder ces deux lignes défensives. Pendant 45minutes ils vont s’y atteler et multiplier les changements d’ailes par transmissions rapides et déplacement rapide permanent. Alors bien entendu ils ouvrent la marque et se heurteront à Lloris sur penalty mais je ne m’attache qu’au dispositif tactique.
Autre point à remarquer c’est le match de Ribery qui a eu une rigueur remarquable dans son replacement. Il venait sans cesse compléter le trio défensif dans l’axe au lieu de rester sur sa ligne. Quand le jeu était côté droit il venait densifier l’axe pour bloquer les transmissions en réduisant les espaces. L’Espagne ne faisant jamais de transversales en jeu long c’était la solution. Mais pour cela il fallait un Ribery très concerné et très appliqués dans le replacement. C’était parfait.
En revanche de l’autre côté cela à moins bien fonctionné. La raison ? Menez n’a pas la rigueur tactique nécessaire et l’Espagne est quasiment passé systématiquement là.
Je parlerais succinctement du côté offensif car il consistait à donner la balle à Ribery qui partait en contre avec le seul Benzema. Dur de marquer dans ses cas là…le but était bien entendu de provoquer pour obtenir une situation de coup de pied arrêté.
Le changement de situation
Deschamps en rajoute alors une couche
en ajoutant de l’impact sur le côté(entrée de Sissoko) qui marchait moins bien offensivement mais où l’Espagne avait tellement donné. Le résultat s’est fait sentir directement. Les rouges n’ont quasiment plus récupéré de ballon dans ce secteur et les bleus sont passés quasiment à chaque fois.
Si les bleus ont bénéficié de la chance qui fait un match de foot, Deschamps a choisi la bonne option tactique en tout instant. Que ce soit avec sa composition tactique de départ. Ou bien encore dans son adaptation à la physionomie du match il a su imposer la rigueur que réclamait ce match. Il devait trouver comment fatiguer l’adversaire et surtout savoir comment le déstabiliser. Enfin il fallait faire passer son message et faire adhérer tout son 11 à celui-ci. Et c’est là qu’il réussit son coup en obtenant toute l’adhésion de son groupe à son plan. C’est la force d’un entraineur : trouver un plan tactique, une animation mais surtout faire passer son message afin qu’il soit appliqué à 100% par ses joueurs.
Une réponse
franchement trés bonne analyse cédric amicalement jean-claude